EGLISE CATHOLIQUE LIBERALE
Province de France, de Suisse Romande
et d'Afrique Francophone
1° - LE CHRIST
Les enseignements de l'Église Catholique Libérale concernant la Personne du Christ se distinguent de ceux des autres Églises Catholiques d'occident, plutôt par les points sur lesquels ils insistent qu'en substance.
Les Églises en général considèrent le Christ à la fois comme un personnage historique et une Divinité Transcendante, "de la même substance que le Père".
L'Église Catholique Libérale est d'accord là-dessus, mais ceux qui parmi nos frères ont la tournure d'esprit la plus mystique, considèrent le Christ comme étant plus spécifiquement le "Logos", la "Parole", dont Saint Jean nous dit "qu'elle était au commencement avec Dieu". Plus particulièrement, ils considèrent le Christ comme étant la "Divinité Essentielle" dans l'Homme. Cette insistance sur la Divinité Intérieure "essentielle", est généralement marquée plus fortement que dans les autres Églises Occidentales.
L'Incarnation en Palestine peut être considérée, comme une réflexion physique dans le monde de l'espace et du temps, du processus éternel ; le "sacrifice éternel", par lequel le monde est soutenu.
2° - L'INCARNATION
Par là, l'Église Catholique Libérale diffère de ces Églises qui considèrent l'Incarnation comme un processus de Rédemption par le moyen d'un paiement effectué pour nos péchés.
Selon les vues des Catholiques Libéraux, la venue de Notre Seigneur sur la terre a plutôt le caractère de la manifestation d'un dessein divin, qui, bien que difficile à saisir dans sa totalité, implique au moins l'élévation graduelle de l'humanité à la position de connaissance de la divinité. Comme le dit Saint Jean (qu'il cite ou non les paroles de Notre Seigneur, ce qui n'est pas clair) "Dieu a tant aimé le Monde qu'Il a envoyé dans le monde Son Unique Fils engendré, afin que quiconque croit en Lui, ait la vie éternelle" 1(Jean III, 16). Ainsi, de cette façon, le but de l'incarnation pourrait être considéré comme la rédemption de l'homme de sa condition présente - et c'est la seule façon d'interpréter ce passage de Saint Jean. Il continue ainsi "Car Dieu n'a pas envoyé Son Fils pour condamner le monde, mais afin que le monde puisse être sauvé par Lui".
3° - LE PECHE
Le péché, c'est se laisser entraîner délibérément ou par insouciance vers les œuvres de ce monde et se détourner du monde de l'Esprit. Pour certains de nos membres, c'est essentiellement en même temps le refus de se développer ou de grandir jusqu'à la plénitude de l'être. Tout ce qui tend à empêcher ou contrarier la conquête de la chair et la domination sur le monde est "péché", et tout ce qui aide à favoriser la compréhension et la perception de la divinité est justice.
Pour beaucoup, l'idée de la souffrance de son mystère et l'intrusion apparemment inexplicable du choix de ses victimes est rattaché à l'idée de péché. La souffrance est ainsi considérée par un grand nombre de nos membres comme résultant d'offenses faites à la loi divine, que ce soit en cette vie ou en des vies antérieures.
Il est clair que ceci n'est pas en soi une réponse suffisante au problème de la souffrance dans son ensemble. Pour beaucoup d'entre nous, la souffrance est quelque chose qui a délibérément été choisie dans nos Sois Supérieurs, une expérience essentielle - tout comme le plaisir - au développement de notre être. En cela et en d'autres choses, nous avons affaire à des sujets qui, nécessairement, ne peuvent être entièrement saisis dans notre condition mortelle, bien que peut être, des éclairs de compréhension incommunicable d'un processus tout à fait transcendant en sa nature, puissent nous être accordés.
4° - L'EXPIATION
Ce mot a des implications dépourvues d'attrait pour la plupart des Catholiques Libéraux.
Ils tendraient plutôt à la faire éclater (comme les chercheurs les plus sensitifs des autres Églises l'ont fait) et à considérer l'activité du Seigneur comme étant fondamentalement une "réunification", c'est à dire le fait de rassembler en une pleine conscience toutes les semences ou ombres de la divinité totale dans le monde matériel (1). La seconde Personne de la Trinité, le Fils Divin, en s'incarnant dans l'univers matériel, se sacrifie "depuis le commencement", afin que tous les enfants de Dieu, qui sont inhérents en Lui et sont Un avec Lui, puissent venir à une existence séparée, et ainsi, comme des personnes distinctes les unes des autres, quoique toujours enracinés en Lui, et avec Lui, dont leur vie et leur conscience dérivent.
(1) Ici intervient un jeu de mots intraduisible en Français entre "atonment", expiation, et at-one-ment, réunification.
5° - LA MORALE
Fondamentalement, l'essence de la morale de l'Église Catholique Libérale doit être la poursuite de la compréhension de l'essence divine et de la connaissance de l'unité divine. Puisque les hommes sont frères en Dieu, et que toute vie vient de Dieu, toute action qui blesse quelqu'un d'autre doit être mauvaise.
La plupart des Catholiques Libéraux considéreraient les injustices sociales comme contraires à ce but essentiel, et aussi le manque de sympathie et la cruauté envers les animaux comme tout à fait mauvais. Ils considéreraient comme convenables et juste de travailler à ce que de telles choses soient évitées et abolies partout où on les rencontre.
6° - LA COMMUNION DES SAINTS
Pour la plupart des Catholiques Libéraux, l'existence d'une hiérarchie "d'hommes justes devenus parfaits" (Héb. XII, 23) est une intense réalité. Ils considèrent que l'homme, dans ses efforts pour vaincre la chair et accomplir sa véritable nature, est assisté par ceux qui (au cours d'une vie terrestre) se sont libérés des entraves de la condition humaine. Il y a de tels êtres à chaque génération.
7° - LES ANGES
Pour les Catholiques Libéraux, comme pour l'Église dans son ensemble à travers les âges, l'existence d'un règne angélique est aussi une intense réalité, un règne d'êtres très différents de l'humanité, mais pouvant coopérer avec l'homme, et dont la présence peut être ressentie par ceux qui sont suffisamment sensitifs.
En particulier, les Catholiques Libéraux croient que les Anges prennent part à la célébration de la Messe et aux autres cérémonies de l'Église. La doctrine des anges est le plus facilement acceptée (et rendue valide) comme étant une profonde intuition, et non comme correspondant à des détails précis.
8° - LE BUT ULTIME
Il est possible à l'homme dans ses études et ses recherches d'acquérir une vague compréhension du but ultime de l'univers, bien qu'il. lui soit difficile de l'exprimer par des mots.
Les Catholiques Libéraux ne seraient pas disposés à accepter la croyance en quoique ce soit ayant la nature d'un "jugement final" considéré comme opposé à un jugement "de fin de cycle", alors que des êtres à différents stades de croissance peuvent être séparés les uns des autres pour le temps présent. Avec Saint Augustin, nous dirions que Dieu "A créé l'homme pour qu'il soit immortel" et que "nos cœurs ne trouvent la paix véritable qu'en Lui". L'existence de quoique ce soit de la nature d'une condamnation éternelle, serait considérée par nous comme tout à fait incompatible avec la suprême bonté ou même avec l'être essentiel de Dieu.
9° - LA MORT
Pour ceux qui soutiennent une conception "évolutionniste" de la vie, la vie se développant et se réalisant graduellement, la mort n'est pas une terreur ni même une énigme comme c'est le cas pour tant d'autres personnes. Dans une vie sans fin, la mort n'est qu'un incident se reproduisant constamment et comparativement de peu d'importance.
La véritable espérance Chrétienne, dont on parle si souvent dans d'autres Églises est en réalité la nôtre. La personne qui meurt passe par une condition de plus grande liberté dans laquelle, lentement ou rapidement suivant le cas, les souillures des mauvaises actions, des mauvais sentiments et des mauvaises pensées peuvent être purifiées par un processus naturel. La personne purifiée, réalise alors - dans la plupart des cas - la plénitude de la vie, le plus grand Soi dont elle est une expression. Ce centre de conscience plus grand ou Ego, existe tout au long de la période du développement humain, comme "une maison qui n'a pas été bâtie par la main de l'homme, qui est éternelle dans les cieux".
De cet Ego, chacun est "envoyé", ou peut être pourrait-on dire, descend volontairement en incarnation, et est retiré de nouveau lorsque le temps est venu, la vie terrestre ayant été accomplie, quelque qu'elle ait pu être. Ce retrait est ce que nous appelons la mort.
Les prières pour les morts (comme nous les appelons) et les messes de requiem sont destinées à aider, et nous croyons qu'elles aident ceux qui sont en train de passer de la condition la plus basse à un état plus large et plus élevé. Le deuil, l'excès de peine et de souffrance ne font que ramener en arrière et faire descendre en pesant sur elle, l'Ame qui, à la mort, cherche à s'élever, à se libérer, à pénétrer dans un monde plus grand.
Les remarques précédentes indiquent que beaucoup de Catholiques Libéraux sont naturellement portés, comme le furent beaucoup de chrétiens de l'Église Primitive, à croire en la réincarnation. Ils sont non seulement libres de suivre cette croyance, s'ils le désirent ; mais, en fait, beaucoup d'entre eux - mais pas tous il est vrai - acceptent la réincarnation comme un fait fondamental de la vie.
10° - L'AUTORITÉ
Les découvertes de l'érudition moderne tendent à confirmer l'opinion générale des Catholiques Libéraux que, les Écritures, bien que certainement inspirées par le Saint-Esprit, ne peuvent être considérées que comme dictées par Dieu et ayant verbalement autorité.
C'est à nous de nous efforcer de comprendre l'essence de ces Écritures trouvant place dans leur propre contexte.
Les Évangélistes ont travaillé sur une tradition qu'ils ont reçue avec l'intense conviction de la grandeur des événements qu'ils décrivaient. Certains d'entre eux, en particulier Saint Jean, ont écrit simultanément sur plus d'un niveau, conscients de ce que le récit avait une signification transcendante aussi bien qu'historique. Le drame des Écritures possède sa propre validité et parle à nos émotions aussi bien qu'à notre intelligence. Mais si les Évangiles ne sont pas verbalement, ou littéralement vrais dans tous les détails, ils nous apportent de suprêmes intuitions de la façon la plus complète et la plus satisfaisante qui puisse être obtenue en tenant compte des limites des possibilités humaines, et soumises aux erreurs de la compréhension humaine.
Comme le Seigneur Christ l'a montré, on est graduellement guidé vers la vérité totale.
11° - DIEU
Dieu, au sens ultime, l'Absolu, est évidemment "Inconnaissable" et inimaginable au moyen de nos facultés terrestres. Ce serait toutefois limiter Son omnipotence que de dire, qu'il Lui est impossible de communiquer avec nous ou d'être approché par nous, Ses créatures, qui ne vivent qu'en Lui.
Il est Transcendant et Immanent, le Soi le plus élevé en chacun, et cependant, n'étant pas partagé en fragments, mais "in omnibus totus" (tout en tous).
Il est personnel pour autant que nous sachions, dans le sens qu'Il veut et qu'Il aime. Sauf par la voix de la poésie, il ne nous est pas possible d'aller plus loin. Il y a 700 ans (Paradisio XXXIII), Dante écrivait : "Dès lors les facultés de ma vie surpassèrent celles de nos paroles qui cèdent à un tel spectacle insultée par un tel outrage, la mémoire fléchit. Semblable à celui qui voit un objet en songe et à son réveil en conserve encore l'impression récente sans en pouvoir se rappeler ce qu'il a vu... je dois avouer qu'en ce moment ma vision échappe à mon souvenir, mais un charme vague né de cette vision reste dans mon cœur... Ici la puissance manqua mon imagination qui voulait garder le souvenir d'un si haut spectacle, et ainsi que deux roues obéissent à une même action, ma pensée et mon désir, dirigés d'un même accord furent portés ailleurs par l'amour sacré qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles".
Pour nous, c'est par le travail de la Messe, avec son drame sublime, et par les autres services de l'Église que cette vision se réalise le plus aisément. En dépit de tout ce qui vient d'être dit, l'Église Catholique Libérale n'est pas autant intéressée par la doctrine que par la participation régulière au culte, et nos services ont été arrangés de telle façon que la congrégation et tous ceux qui sont présents, puissent très aisément participer au travail essentiel de ces services. Pour quiconque vient dans nos Églises, c'est l'opportunité de participer au culte et d'arriver à la compréhension ultime, la connaissance individuelle et l'expérience de Dieu.
Il faut insister sur le fait que rien de ce que nous exposons ici ne nous lie en quoi que ce soit. Les membres de notre Église ne sont pas forcés d'accepter de formulations dogmatiques à ce sujet.
Quelles sont les doctrines généralement professées par les Catholiques Libéraux ?
Les croyances Fondamentales professées par la majorité de nos membres comme étant matière à expérience religieuse, peuvent être brièvement résumées dans les têtes de chapitres suivantes :
Un travail aussi réduit que celui-ci ne peut prétendre couvrir tout le champ de la croyance de notre Église, et certainement, il peut y avoir des points qui, bien que considérés comme très importants par certains membres, pour la bonne marche de notre corps constitué, ne sont pas étudiés dans ces pages. Mais nous espérons que celles-ci feront ressortir certaines attitudes fondamentales adoptées par la majorité de nos membres.
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Les Enseignements