L'ÉGLISE CATHOLIQUE LIBERALE ET LES SECTES

par Mgr Christian SCHOCH

Depuis quelques années on peut assister régulièrement à la mise en cause médiatique de certaines organisations religieuses ou pseudo-religieuses. Sont souvent invoqués leur comportement suspect en matière de gestion financière mais aussi l'emprise jugée malsaine qu'elles exercent sur leurs fidèles.

Il y a quelques temps, a été mis en exergue, à juste titre, l'enseignement irresponsable d'un mouvement s'autoproclamant templariste, qui a conduit ses membres au suicide collectif. Nous nous souvenons également de la secte d'origine américaine installée au Guyana qui a organisé l'empoisonnement de plusieurs centaines de ses fidèles, hommes, femmes et enfants.

Ces faits, pour dramatiques qu'ils soient, ne doivent néanmoins pas nous conduire a adopter à l'égard des mouvements religieux qui diffèrent de notre Église le jugement d'amalgame, souvent observé dans la presse, assimilant toute organisation ne partageant pas des idées communément acceptées à une secte, par définition répréhensible, voire malfaisante.

Dans l'Église Catholique Libérale, nous avons nous-mêmes été victimes trop souvent de jugements extérieurs de ce type, proférés par des personnes aux motivations troubles qui, par un raisonnement réducteur, désiraient nous confiner dans la catégorie péjorative des sectes mal intentionnées.

Il n'est que de se remémorer les pages douloureuses de la seconde guerre mondiale où notre Église a été persécutée par la police allemande en raison. d'un enseignement jugé trop dérangeant, et sans doute insuffisamment conformiste, à partir de dénonciations de personnes bien pensantes.

Aussi, convient-il d'être très prudent avant d'émettre un jugement à l'emporte-pièce condamnant tel ou tel mouvement religieux.

Il nous suffit pour ce faire d'appuyer notre appréciation sur certaines constantes :

            1 - Le mouvement religieux aliène-t-il la conscience ou le libre-arbitre du fidèle ? Exerce-t-il une menace réelle ou             organisée à l'égard des anciens fidèles ?

            2 - Dans le même ordre d'idée, conduit-il à une mainmise totalitaire sur la vie professionnelle et familiale du fidèle ?          Encourage-t-il, préconise-t-il notamment la désintégration de la cellule familiale on séparant les enfants de leurs   parents ou    inversement....?

            3 - Impose-t-il une contribution financière obligatoire, d'ailleurs souvent disproportionnée dans son montant, aux             fidèles pour l'accès à un salut supposé ?

Si l'une ou plusieurs de ces conditions sont remplies, le mouvement religieux ne peut qu'éveiller notre suspicion et notre méfiance.

Rappelons-nous. à cet égard que l'Église Catholique Libérale laisse à ses membres une entière liberté d'interprétation des credo, des Ecritures Saintes et de la Tradition Catholique.

Notre Église ne professe aucun dogme, ces derniers étant par définition de nature à s'opposer au libre exercice de l'intelligence.

Le Christ a voulu que Sa religion soit une religion d'amour et de liberté qui puisse aider son peuple à ses différents stades sur le sentier du développement spirituel.

Il n'a pas voulu bien évidemment dicter au nom de la Divinité des formules dialectiques dont l'acceptation littérale serait la condition du salut.

Le clergé de l'Église Catholique n'est, par ailleurs, pas rémunéré et a généralement des occupations séculières.

Le célibat ne lui est pas imposé et bien au contraire une vie familiale harmonieuse et exemplaire sont pour les fidèles la marque de son attachement à l'enseignement du Christ.

Les sacrements sont en outre administrés gratuitement, les seules ressources de l'Église consistant en des dons librement consentis par les fidèles.

Gardons on mémoire ces principes avant de juger hâtivement ceux qui ne partagent pas notre religion.

Aidons notre Prochain, plutôt que de le condamner, à vivre pleinement "l'idéal christique" en enseignant que l'humanité n'est autre qu'une grande fraternité qui est appelée progressivement à l'élévation spirituelle.

Aidons-le à tourner avec confiance son regard vers le Christ, l'inspirateur béni de l'Amour Eternel.

Et dès lors, les différences s'estomperont pour laisser place à la compréhension, le respect mutuel et l'amitié de ceux qui, même s'ils ne professent pas la même foi, se reconnaissent unis en Dieu