EGLISE CATHOLIQUE LIBERALE
Province de France, de Suisse Romande
et d'Afrique Francophone
Marie, Nouvelle Eve, Mère du Genre Humain
Dans le même chapitre et sous le même jour, l’Evangéliste met en scène « la Prophétesse Anne qui ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Luc 2/36 et 37)
Ce n’est non moins étonnant que ce soit précisément une prophétie de cette Sainte Femme qui prédise à Marie le dur chemin de l’abandon qu’il lui reste encore à parcourir, à l’égal et en union avec son Fils Jésus, avant d’entrer dans le triomphe de l’Assomption.
« Une épée te transpercera l’Âme, afin que les pensées intimes de bien des coeurs soient révélées »
(Luc 2/35)
Le propos du deuxième membre de cette phrase, à première vue assez énigmatique, pourrait s’éclairer, si nous supposons qu’il fait référence à la maïeutique socratique, cet art d’accoucher les esprits des pensées qu’ils contiennent sans le savoir.
Appliqué au cas de Marie, cette fonction Lui revient en tant que Mère de l’Humanité oeuvrant en chaque Être, par la composante féminine de son Âme, à l’émergence de son Esprit.
Marie, Mère de Dieu
A la suite des éléments complémentaires exposés précédemment, nous pensons qu’il est superfétatoire de s’appuyer sur quelque détour dogmatique, relevant en l’espèce du pur privilège d’exception et d’une infraction au jeu normal des lois de la nature, pour vouloir justifier la supériorité de la personne de Marie et concomitamment fonder ainsi son élection en tant que Mère de Jésus.
Par le nivellement de la pensée unique grâce à l’élimination des courants minoritaires, la domination intellectuelle de l’Eglise majoritaire a su, très tôt, imposer dans l’esprit des croyants l’équation Jésus, Christ et Verbe comme étant une seule et même personne.
En conséquence, les formulations de la théologie classique concernant l’association trinitaire de Jésus, du Christ et du Verbe entretiennent quant à leur statut ontologique et personnel, la confusion d’une seule et même Personne; le Verbe par son incarnation devenant Jésus-Christ en revêtant, en plus de sa nature divine, celle humaine de Jésus.
Sous le couvert du Mystère de l’Incarnation, il s’agit toujours, selon le Credo chrétien dans son interprétation rudimentaire, du Fils de Dieu, deuxième Personne de la Trinité, devenu Homme dans le sein de la Vierge Marie.
Cette confusion réductrice destinée sans doute à simplifier, trop excessivement à notre avis, les données de base, n’a fait qu’accréditer dans l’opinion courante la croyance à la maternité divine de Marie dans la perspective qu’Elle a enfanté Dieu au sens premier du terme.
Jésus-Christ étant vénéré par l’Eglise comme l’incarnation du Verbe, il paraît légitime que Marie le fût en tant que Mère de Dieu.
A un premier échelon, nous disons intentionnellement de Marie qu’Elle est “Mère de Jésus” et non pas “Mère de Dieu”, car nous replaçons ici l’entité “Jésus-Christ” dans la procession plotinienne des Êtres comme conjugaison de deux Personnes en une seule et même Substance, la Nature Divine émanée de l’UN.
Marie a procréé la forme dernière dans l’ordre descendant dans la hiérarchie des hypostases divines et première dans leur ordre ascendant.
Cette subtilité métaphysique de l’ontologie divine héritée du Néoplatonisme (Plotin), terreau culturel de la prime pensée de l’Eglise des premiers siècles, a été progressivement évacuée de la Christologie naissante au profit d’une interprétation plus fondamentaliste des données de la Révélation biblique par le pouvoir ecclésiastique en place à l’époque de l’élaboration laborieuse et controversée de la doctrine chrétienne..
Au fond il n’est pas faux, au sens hypostatique, de décerner à Marie indirectement la distinction de “Mère de Dieu”, puisqu’Elle a donné le jour à Jésus, Lui-même, le jour de son Baptême dans le Jourdain, investi par le Christ; ce dernier, en tant que Fils de l’Homme, ayant reçu de l’Ancien des Jours, selon une prophétie de Daniel, la Domination, la Gloire et le Royaume. (Mat. 3/13-17, Marc 1/9-11, Luc 3/21-22, Jean 1/32-34 et Dan. 7/13-14)
Progressant le long de cette échelle hiérarchique planétaire et cosmique jusqu’à son sommet, nous aboutissons au Verbe Créateur, Celui-là même qui dans le Credo Chrétien est mentionné comme Fils de Marie.
Pour illustrer comparativement et figurativement la cohérence interne de cet ordonnancement, nous pouvons, concrètement, nous inspirer du système “gigogne”; les petits volumes, par analogie la maternité humaine, étant contenus dans les plus grands, en l’occurrence la Maternité Divine.
En élargissant ce principe à la reconnaissance progressive par l’Être humain de sa Nature Divine immanente, chaque Mère, en faisant don à son enfant de la matrice porteuse de cette aventure, devient en puissance une “Mère de Dieu”.
Dieu, la Mère
Une autre des données majeures à même de jeter des lumières sur le Mystère de la Maternité Divine et qui est quasiment absente du paysage théologique chrétien est celle du concept de “Dieu, la Mère”, autrement dit de l’aspect féminin de Dieu.
Pour pénétrer au coeur de ce Mystère, il faut plonger son regard dans les traditions les plus reculées afin de retrouver le souvenir de l’âge d’or du Culte de Dieu-Mère inhérent à l’âme des civilisations matriarcales du berceau de l’Humanité.
Par la transmission des Livres Bibliques dits “sapientiaux” (Proverbes, Job, Ecclésiaste, Ecclésiastique, Sagesse, Cantiques des Cantiques) l’Occident a hérité de l’Orient, dans une expression originale élaborée sous l’influence de la philosophie grecque, toute une littérature religieuse qui culmine dans la personnification de la Sagesse.
Les commentaires holistiques des principaux passages bibliques faisant l’éloge de la Sagesse et mettant en avant son rôle premier d’inspiratrice et de source de toute oeuvre, situent son siège au-delà du Temps et de l’Espace. (Prov. 8/27-31, Eccl. 1/1-4, Sag. 9/9)
Dans une des Litanies Mariales de la Liturgie Chrétienne, Marie est invoquée suggestivement sous le vocable mystique de “Sedes Sapientiae”, Siège de la Sagesse.
Le Siracide, auteur de l’Ecclésiastique, écrit entre autres qu’ « avant toutes choses fut créée la Sagesse » (Eccl. 1/4)
Les premiers versets de la Genèse ont pareillement trait à l’antériorité et la suprématie de la Sagesse sur le Devenir : « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre. Or, la Terre était un chaos, et il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abîme, et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » (Gen. 1/1 et 2)
La Sagesse apparaît ici sous l’aspect féminin de Dieu, pour ainsi dire comme la Mère des Divines Profondeurs qui porte en Elle le potentiel latent de la manifestation.
Le premier mouvement d’extériorisation de cette Sagesse voilée se concrétise dans la forme plastique que va revêtir l’Idéation Cosmique lors du passage de l’Absolu au relatif.
De nombreuses références bibliques décrivent poétiquement la coopération de la Sagesse dans l’oeuvre créatrice du Logos.
« Quand Il établissait les Cieux, j’étais là ..... , j’étais à ses côtés comme un enfant chéri, je faisais ses délices, jouant devant Lui ..... » (Prov. 8/27-31)
« Avec toi est la Sagesse qui connaît Tes oeuvres et qui était présente quand Tu faisais le Monde » (Sag. 9/9)
A l’intérieur du processus de la Création, en tant que pôle négatif de la manifestation du Logos, la Sagesse, à l’aurore des temps, devient la Mère du Monde.
La Divine Monade, en franchissant le Cercle de l’Inconnu, se divise en puissance à la fois masculine et féminine dont l’attraction réciproque appelle à l’existence et développe l’Âme du Monde dans sa dimension universelle et impersonnelle.
Au stade de l’Individu, l’Âme, par le même jeu des opposés Esprit/matière, se transforme en réceptacle et laboratoire où naît la vie consciente et en croissant se métamorphose en fleur de l’Esprit.
En conclusion de la prière de Salomon pour l’obtention de la Sagesse, le don de Celle-ci est assimilé à l’envoi de l’Esprit Saint de Dieu.
« Et ta volonté, qui l’a connue, si Toi-même n’as donné la Sagesse, et si tu n’as envoyé d’en haut Ton Esprit Saint ? » (Sag. 9/17)
Marie, Temple de la Sagesse Incarnée, est consacrée Mère de Jésus par la promesse de l’Ange annonciateur sous les auspices du même Esprit répandu par Elle dans le monde en vue d’accueillir le Christ, le Maître de l’Histoire de notre Planète.
« L’Esprit Saint surviendra sur Toi, et la Puissance du Très-Haut Te prendra sous Son ombre » (Luc 1/35 et Mat. 1/20)
Nous pouvons dès lors conclure au rapprochement significatif entre la trilogie masculine de “VERBE, CHRIST et JESUS” et celle féminine de “MERE DES DIVINES PROFONDEURS, MERE DU MONDE et MERE DE JESUS”.
Conclusion
A la suite de cette courte mise au point par rapport à la dialectique des dogmes-fondateurs de la Mariologie classique, nous pouvons nous rendre facilement à l’évidence de l’apport précieux que les éclaircissements de la Théologie de l’Immanence, promue par l’Eglise Catholique Libérale, sont susceptibles d’apporter, d’une part, sur les prestigieux attributs que l’Eglise Chrétienne reconnaît à Notre-Dame ainsi que, d’autre part, sur le rang éminent que la Foi et la Tradition Chrétiennes confèrent à Marie dans la Hiérarchie spirituelle en étroite relation avec le Christ.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail pour expliciter le manque de cohérence de cette construction à l’épreuve des interrogations majeures que tout esprit épris de vraisemblance peut soulever dans sa conscience particulièrement dans le domaine de la Foi combien subtil et délicat dont relève notre recherche.
On peut trouver les notions de base de la Théologie de l’Immanence qui nous sert de guide et d’orientation dans “Pour une Théologie Humaniste”, ouvrage composé par notre ancien et regretté Evêque Régionnaire, Mgr André LHOTE; étude originale et unique en son genre où l’auteur s’est livré à une analyse comparative et critique entre une Théologie qui ne répond plus à l’attente de notre temps par son inadéquation à l’évolution de la culture et une Théologie du présent et du futur, capable de prendre en compte les bouleversements auxquels ont et auront à faire face les générations d’aujourd’hui et de demain.
Nous pouvons dès lors conclure, sans peine ni artifice, au rapprochement hautement significatif entre la Trilogie Masculine de “VERBE, CHRIST et JESUS”
et celle Féminine de “MERE DES DIVINES PROFONDEURS, MERE DU MONDE et MERE DE JESUS”.
Post-scriptum
Nous ne prétendons nullement avoir répondu à l’ensemble des interrogations que tout esprit épris de cohérence et de vraisemblance, est en droit de se poser dans le domaine aussi subtil et délicat que celui qui touche au fondement métaphysique de la Féminité.
Que le lecteur veuille bien considérer avec indulgence notre dissertation qui, loin d’épuiser le thème abordé, se veut simplement de tracer quelques lignes directrices en vue d’une meilleure pénétration de cette “Terre“, à beaucoup d’Âmes encore étrangère.
Il n’est guère possible d’entrer ici suffisamment dans tous les détails pour expliciter un certain manque de cohérence dans la Mariologie familière à la Communauté Chrétienne; sujet , par ailleurs fort sensible, relevant purement du domaine combien secret et respectable de la Foi de chaque Croyant.
Corrélativement, la Christologie et l’Anthropologie, telles que nous les avons envisagées, s’écartent sur bien des interrogations, du système conceptuel dans lequel la Théologie consensuelle a plus ou moins enfermé ces deux domaines connexes par leur contenu et leur importance.
Néanmoins, sommes-nous en mesure, à la suite de notre courte mise au point par rapport à la dialectique des Dogmes-Fondateurs de la Mariologie courante, de nous rendre plus facilement à l’évidence de l’apport précieux que les éclaircissements de la Théologie de l’Immanence, promue par le Magistère de l’Eglise Catholique Libérale, et à l’émergence et l’enseignement de laquelle Mgr André LHOTE a consacré beaucoup de temps et de ferveur, sont susceptibles de fournir à tout “Quêteur de Vérité”.
La Mariologie, revue et enrichie dans ses fondements même, à la lumière des propositions propres à notre Eglise, contribue, d’une part, à asseoir sur des données plus solides et plus crédibles les Prestigieux Attributs que l’Eglise Chrétienne reconnaît à Notre-Dame, et, d’autre part, à rehausser en le motivant, le Rang Eminent que la Foi et la Tradition confèrent à Marie dans la Hiérarchie Spirituelle en étroite relation avec le Christ.
On trouvera les notions de base de la Théologie de l’Immanence qui nous a servi de guide et d’orientation dans “Pour une Théologie Humaniste”, ouvrage composé par notre ancien Evêque Régionnaire, Mgr André LHOTE.
Ce livre consigne les conclusions d’une étude originale et unique en son genre où l’Auteur s’est livré à une analyse comparative et critique entre une Théologie qui ne répond plus qu’imparfaitement et partiellement à l’attente de notre temps par son inadéquation à l’évolution de la culture et une Théologie du présent et du futur, capable de prendre en compte les bouleversements auxquels ont et auront à faire face les générations d’aujourd’hui et de demain.
Bibliographie
Sur le plan propre de la Mariologie, le lecteur pourra, pour puiser inspiration et trouver matière à développement, se référer aux Ecrits de quelques Membres éminents du Clergé de notre Eglise, qui ont suscité une Doctrine Mariale plus “théosophique”, c’est-à-dire plus ouverte sur l’aspect caché des choses, notamment:
“La Mère du Monde, comme Idéal et comme Fait” / Mgr Leadbeater
“Les Pouvoirs Divins derrière les Fêtes Chrétiennes” / Rvd Van der Stock
“La Sagesse Cachée dans la Sainte Bible” / Rvd Hodson