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EGLISE CATHOLIQUE LIBERALE


Province de France, de Suisse Romande


et d'Afrique Francophone

Le Mercredi des Cendres par Mgr François Seyfried


Le Mercredi des Cendres qui nous réunit ce matin marque, dans le cycle liturgique de l'Eglise Chrétienne, l'entrée officielle dans la longue période du Carême.

Le Carême s'étend dans le temps sur une succession de 9 semaines articulées entre elles de la façon suivante.

Les 3 premières semaines correspondent aux trois dimanches appelés "dimanches avant le Carême" sous les noms de Septuagésime, Sexagésime et Quinquagésime.

Cette dénomination latine a un caractère numérique et veut dire que ces trois dimanches se situent respectivement à 70, 60 et 50 jours de Pâques.

Etant donné l'importance que revêt, sur le plan occulte, l'espace liturgique du Carême dans son ensemble, ces trois semaines préparatoires sont dédiées à l'action du Saint-Esprit dans son rôle d'Initiateur aux Mystères Sacrés.

Les 6 semaines suivantes se divisent elles-mêmes en deux étapes significatives dans la progression du drame initiatique qu'assume Notre-Seigneur en conclusion et couronnement de son Incarnation en vue du Salut du Monde.

Les 4 premières qui, analogiquement parlant, couvrent la phase de son entrée dans son destin d'Avatar de notre Dispensation, sont celles des 40 jours du Carême proprement dit, ayant trait à la montée de Jésus à Jérusalem.

Les deux dernières prennent un relief particulier; dont le cinquième dimanche du Carême, celui de la Passion, nous montre le Maître en route vers le Sacrifice de son Abaissement.

Le dernier Dimanche avant Pâques, celui des Rameaux, par l'accueil que la foule réserve au Christ, anticipe sur son triomphe sur la mort dans sa Résurrection des jours à venir.

La Chrétienté, consciente et respectueuse de l'enjeu spirituel des évènements ayant affecté les derniers jours de la présence du Seigneur dans notre Humanité, honore ses faits et gestes sous le vocable de "Semaine Sainte".

Voici, en raccourci et très sommairement présentées quelques précisions de nature à attirer notre attention sur l'importance du parcours mystique sur lequel nous sommes engagés depuis une vingtaine de jours.

Aujourd'hui même, à ce tournant symptomatique du Mercredi des Cendres, nous ouvrons à notre Âme la porte étroite qui est censée nous introduire sur le Sentier de la Perfection.

Ce parcours, à l'exemple de celui royal de Notre-Seigneur, est un Chemin de Croix, car il nous entraîne à l'abandon progressif de la suprématie de notre personnalité sur la liberté d'épanouissement de notre Âme.

Il est fait expressément allusion à ce retournement radical que nous avons à opérer, chacun selon les circonstances de ses diverses destinées, dans les propos du dialogue entre le Maître Jésus et Nicodème; entretien que nous pouvons taxé d'existentiel au sens philosophique du terme.

A ce sujet le Maître dit que

"si un Homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu" (Jean 3/)

A cela, Nicodème répond par cette demande:

"Comment un Homme peut-il naître quand il est vieux" (Jean 3/)

Jésus livre à son interlocuteur la clé de l'énigme par la réplique suivante:

"Nul, s'il ne naît de l'Eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Car, ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit; il faut que vous naissiez de nouveau" (Jean 3/)


Dans l'optique de la théologie classique, le Carême est placé sous le signe de la Pénitence avec ses connotations morales de renoncement au péché sous toutes ses formes.

En outre, la pratique traditionnelle en la matière a hérité cette éthique de coloration quelque peu pessimiste, juridique et culpabilisante de la conception pénitentielle de l'Ancien Testament.

En effet, dans les rites religieux de l'Israël biblique, nous trouvons couramment le recours à l'utilisation de la cendre comme marque d'accompagnement de la manifestation du repentir et du pardon des péchés.

On attachait à ces cendres provenant des victimes animales brûlées en sacrifices propitiatoires, une vertu également expiatoire.

La formule classique de l'Imposition des Cendres:

"Souviens-toi, ô Homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière"

porte donc secrètement et davantage en elle le poids de la mort qui pèse sur l'Homme qu'un espoir capable de le libérer de son emprise.

Malencontreusement, le Rite des Cendres, tel qu'il est habituellement administré, semble suggérer implicitement que le retour de l'Homme à la poussière marque définitivement un terme à son destin.

Cette idée classique et majoritairement répandue de la fin première et dernière de la vie humaine, s'inscrit forcément dans la perspective d'un séjour unique de l'Âme en incarnation sur un des innombrables mondes de notre vaste Univers.

Cette croyance fait que, dans la sphère occidentale de notre Civilisation, on pressent et craint encore la mort comme une des catastrophes majeures qui pèsent comme une menace permanente sur le sort de l'Humanité.

Un autre inconvénient de ladite formule, et non le moindre sur le plan philosophique et théologique, est celui qui peut résulter de l'apparente assimilation faite entre deux entités distinctes, à savoir le corps et l'Âme, alors que, selon notre conception, l'Âme adombrée par l'Esprit jouit de sa propre autonomie au-delà de la mort.

Depuis que vous fréquentez notre Eglise, vous avez pu constater que, sans pour autant négliger l'impact de la faiblesse humaine sur notre pensée et notre volonté, nous attribuons la part prépondérante et décisive au pouvoir de notre Esprit immanent dans la poursuite de la victoire de la Vie sur la mort.


Notre Eglise, de conception délibérément optimiste et de tendance franchement évolutionniste quant à l'avenir de l'Homme, place sa Liturgie du Mercredi des Cendres plutôt sous l'égide de la "Nouvelle Naissance" que sous l'emblème de la mort.

En conclusion de ces brèves considérations, nous vous proposons une formule d'Imposition des Cendres plus conforme à notre façon d'envisager le rappel de la précarité de notre passage sur terre sans toutefois sous-estimer sa contribution originale et indispensable dans le plan de la progression de notre Entité spirituelle.

Souviens-toi que ton corps et ta personnalité, fragile demeure et compagnon provisoire de ton Âme, ne sont que poussière et qu'ils retourneront en poussière; car ce qui est né de la chair, est chair.

Mais n'oublie pas que leur Hôte, ton Âme est appelée à renaître jusqu'à son ancrage définitif dans l'Esprit; car ce qui est né de l'Esprit, est Esprit.



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Le II° Dimanche de Carême par Mgr François Seyfried


Nous sommes réunis, ce matin, pour célébrer ensemble le deuxième dimanche du Carême, qui a pour intention "le Contrôle de la Parole".

Ce thème a déjà été proposé à notre examen, il y a exactement cinq semaines, dans le cadre de la liturgie du troisième dimanche de l'Epiphanie; c'est dire quelle place l'usage et la maîtrise de la Parole tiennent dans la culture de la spiritualité.

Notre Collecte du Jour souligne à bon escient le privilège que constitue cette faculté réservée au seul genre humain.

En tant qu'auxiliaire de l'Intelligence Créatrice, le pouvoir occulte de la Parole s'impose à notre conscience comme instrument puissant de son expression en même temps que serviteur difficile à tenir en laisse.

Préalablement, le thème de l'ascèse verbale indispensable à la discipline de la Parole juste nous amène à aborder aujourd'hui, en cette période du Carême, la question plus générale de la pénitence au sens chrétien et spécifique du terme.

Selon la tradition la plus ancienne de l'Eglise chrétienne, les quarante jours, précédant la commémoration du Mystère Pascal, sont considérés comme un temps de purification et de renoncement.

C'est pourquoi nous vous proposons de revenir maintenant un court instant sur le sens caché de cette coutume séculaire, tombée en désuétude à notre époque, du moins quant à son aspect purement formel.

Au cours de l'histoire des civilisations, les diverses Religions ont différemment appréhendé la signification de la notion de pénitence.

De ce fait, elles en ont aussi diversement défini le contenu et codifié les prescriptions correspondantes.

Cependant, les choix arrêtés et les orientations prises en la matière ont toujours dépendu étroitement de la conception de la Divinité de référence ainsi que de la perspective des rapports avec Elle.

Pendant très longtemps, c'est principalement la relation contractuelle de type juridique qui, en général, a influencé profondément les esprits.

Dans ce cadre trop légaliste, s'est développée universellement et en profondeur l'idée culpabilisante du péché, dont reste encore fortement entachée, de nos jours et entre autres, la mentalité occidentale.

En plus de son manquement aux règles de la morale, le péché nous a été dépeint, dans son essence, comme une offense personnelle faite à Dieu.

En bonne logique, un tel délit demande forcément réparation de la part du pécheur avant qu'il puisse recouvrer la faveur divine.

Le concept du péché, ainsi formulé, sous-entend, en prémisse, un Dieu justicier et rancunier, vis-à-vis duquel nous nous devons de nous racheter.

Dans cette optique, l'obligation de pénitence nous a été présentée avant tout comme une expiation du péché.

De même, avons-nous été invités au devoir d'abstinence en guise de punition, destinée à châtier le corps accusé de serviteur et de complice du péché.

Depuis que vous fréquentez notre Eglise, vous avez certainement remarqué que cette façon de voir les choses n'est de loin pas la nôtre.

Pour notre part, nous pensons que l'Homme, partageant potentiellement la nature divine, jouit du privilège de pouvoir, après une très longue carrière humaine et surhumaine, s'unir à Dieu, pour ainsi dire d'égal à égal, comme son reflet.

Dans ce sens, après avoir reçu la Sainte Communion, notre Liturgie de la Sainte Messe met sur nos lèvres cette audacieuse et réconfortante déclaration que

"bientôt nous Le contemplerons à visage découvert et (que) nous réjouissant dans Sa Gloire, nous serons faits semblables à Lui"

En vertu de cette intime conviction, nous nous réclamons aussi auprès de Dieu de ce degré de consanguinité en proclamant expressément dans notre Confiteor que

"Dieu a créé l'Homme pour qu'il fût immortel et qu'Il l'a fait à l'image de sa propre Eternité"

Le même Confiteor nous fournit aussi, sous la forme d'un poème mystique, une définition du péché conforme à une des croyances fondamentales de notre Eglise, à savoir la divine Immanence.

Cette présence de Dieu réellement agissante au cœur de tout élément, de tout être et de tout évènement, nous l'attestons également et indirectement dans notre Confiteor par la reconnaissance que

"nous oublions souvent la gloire de notre héritage et (qu'ainsi) nous nous écartons du sentier qui mène à la Justice"

D'après cet énoncé, nous pouvons taxer de péché toute pensée, toute parole et tout acte qui portent atteinte à l'intégrité ainsi qu'à l'accroissement souhaitable du divin patrimoine dont nous sommes porteurs et gérants.

Pratiquement, nos péchés se résument à des manquements qui, occultement parlant, se traduisent par des écarts plus ou moins fréquents ou des détours plus ou moins importants sur le sentier de la Justice.

Par "Justice", il ne faut entendre ici ni l'acception de la Justice divine, telle que la conçoit la théologie intégriste dans l'esprit de l'Ancien Testament, ni la signification de la justice humaine, telle que la rend la société profane.

Par contre, nous avons affaire, en la circonstance, à l'application objective de la loi neutre et impersonnelle de cause à effet, dite loi de karma.

Par notre soumission éclairée et coopérative aux sages décrets de cette disposition universelle régissant le Ciel et la Terre, nous nous érigeons, pour ainsi dire nous mêmes et en pleine conscience, en juges de nos propres imperfections.

De ce point de vue, nous pourrions, sans trahir le message de notre Confiteor, remplacer avantageusement le terme de "justice" par celui de "perfection".

Dans notre "Acte de Contrition", le recours à l'emblème de Justice en tant qu'image de la perfection traduit donc notre effort régulier et soutenu d'aligner nos comportements sur le standard de notre Divinité intérieure.

On peut en déduire que le rite de l'Absolution, qui rend opérantes les intentions exprimées dans le Confiteor, sert principalement à corriger les dérèglements infligés par le péché à nos corps subtils.

Cependant, cette rémission, que nous appelons communément "pardon de nos péchés" ne nous dispense pas automatiquement et simultanément de la dette karmique engendrée par ces derniers.

Sur le plan psychologique, notre démarche pénitente et notre repentance sont de nature à apaiser les tourments de notre conscience consécutifs à nos faux pas; c'est le secours que nous obtenons du Seigneur de toute Compassion, quand nous Lui demandons de

"jeter un regard d'amour sur toutes nos faiblesses et de pardonner toutes nos fautes"

Plus en profondeur, elle guérit les flétrissures causées à notre Âme par nos entorses à son idéal de sainteté auquel nous nous référons en priant le Seigneur de toute Perfection de nous aider à

"devenir le miroir immaculé de Sa Puissance et l'image de Sa Perfection"

A cet effet, la Sainte Eglise du Christ nous procure le soutien sacramentel de l'Absolution instituée par le Divin Maître pour fortifier nos aptitudes naturelles en vue de plus de rigueur et davantage de rectitude dans notre conduite quotidienne.


A présent, voyons succinctement en quoi et comment la pénitence et l'abstinence, associées par la tradition chrétienne au temps du Carême, sont en mesure de nous apporter une aide efficace dans la tâche que nous venons de nous assigner.

Notre propre expérience, nous confronte, jour après jour, à la difficile et exigeante besogne de régler les mouvements de notre personnalité avec le souci de la rendre plus docile aux injonctions de notre Âme.

Dans le triple champ de la pensée, du sentiment et de l'action, nombreuses et variées sont les opportunités qui nous invitent à corriger les tyranniques velléités de notre moi inférieur.

Par rapport à cet ordre des choses, notre Eglise a inscrit judicieusement à l'ordre du jour de ce deuxième dimanche du Carême une intention spécifiquement en affinité avec les exigences du Carême, à savoir: le Contrôle de la Parole.

En d'autres lieux, la littérature profane, de son côté, nous renvoie judicieusement à notre devoir de réserve en matière d'expression verbale, par l'énoncé du proverbe bien connu que

"La Parole est d'argent et (que) le silence est d'or"

Cette maxime, à sa façon, illustre pertinemment le rôle et le bien-fondé de l'ascèse du langage au service d'une vie plus haute.

Les deux lectures que nous venons d'écouter traitent, sans fard et sans indulgence aucune, d'une des disciplines les plus laborieuses relative à l'acquisition de la Sagesse; il s'agit, en l'occurrence, de la domestication de notre langue.

D'une part, les propos de l'Epître réprimandent avec sévérité les ravages causés par l'usage inconsidéré de la langue.

D'autre part, la leçon contenue dans l'Evangile stigmatise les méfaits dus au recours injustifié à la critique aveugle et malveillante, véhiculée et envenimée par le zèle de notre langue intempestive.

Toutes deux; l'intempérance et la méchanceté de la langue ainsi que la propension à la critique malintentionnée, poussent à profusion dans notre jardin intérieur, si nous n'y prenons garde, à l'instar de l'ivraie au milieu des blés.

Tenaces, comme cette mauvaise herbe, ces parasites de la langue compromettent la croissance de l'Âme, en retardant sa libération hors des liens tentaculaires de notre intellect indiscipliné.

Ce censeur, de par les excès de son penchant analytique et les besoins de son appétit séparateur, arrive souvent à nous fermer les portes qui donnent accès à l'Intelligence du Cœur.

Or, c'est précisément l'ouverture du cœur que prône le message de notre Evangile comme antidote capable de parer les manœuvres destructrices et sournoises du mental encore subjugué par les attraits du monde des apparences.

"L'Homme bon tire de bonnes choses du trésor de son cœur" nous dit Jésus en conclusion de son exposé sur le bon usage de la parole "et l'Homme méchant tire le mal du mauvais trésor de son cœur. Car la bouche parle de l'abondance du cœur" (Luc 6/45 et Mat. 12/35)

Par cette sentence, le Maître désire nous rappeler que nos paroles manifestent nos dispositions profondes et intimes, et que par ce chemin, elles dévoilent les élans secrets de nos cœurs.


L'examen rétrospectif et impartial de notre discours doit donc nous servir, le cas échéant, d'avertissement salutaire sur l'état de sujétion possible de notre Âme au redoutable et sournois penchant de la médisance.

Il ne vous a, sans doute, pas échappé que, d'entrée, la Collecte du jour met en évidence le fait que l'Homme est le seul être à qui Dieu a donné le Pouvoir de la Parole, et ce pour Le louer.

En reprenant le vœu de cette même Collecte, nous pouvons conclure que la louange, à l'opposé de la médisance et de la critique, possède la vertu hautement curative de

remplir nos cœurs d'un tel amour et d'une telle sagesse qu'à la longue nous arrivions à nous abstenir de dire du mal d'autrui.


Amen



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Le III° Dimanche de Carême par le RP. Dominique BRY (Homélie du 23/03/2003)


Nous abordons ce dimanche, la troisième semaine de Carême. Il nous a été donné durant les deux semaines précédentes de réfléchir et pratiquer le Contrôle de la parole et de faire l'Examen de nous-même. L'intention proposée ce dimanche est la Compréhension.


la Compréhension fait appel à une fonction de notre intelligence, qu'est la faculté d'appréhender par la pensée, la juste nature des êtres, des choses et des évènements. Elle a pour corollaire la compassion, qui fait appel à la générosité et à l'oubli de soi pour se trouver face à autrui en unité d'âme, débarrassé de tout sentiment de pitié et animé d'une bienveillante sympathie.


Cette qualité du cœur et de l'esprit nous engage dans un sentiment fraternelle à mieux comprendre les autres, à accepter leur conduite et leur façon de penser. Elle nous incite à pratiquer la compassion envers tous mais aussi à pardonner pour les offenses et le mal qui aurait pu nous être fait.


Cela est parfaitement bien illustré dans le texte de l'Epître de Saint Pierre que nous avons lu ce matin qui est un éloge à la fraternité. Pierre nous demande de changer nos comportements humains afin de mieux pratiquer la Charité, et tout d'abord nos pensées et nos sentiments qui dirigent nos actions et induisent nos comportements. Il nous incite à devenir humble et miséricordieux :

" soyez tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments, pleins de compassion et d'amour fraternel, miséricordieux et humbles. Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l'injure pour l'injure ; bénissez au contraire, car c'est pour cela que vous avez été appelés… "


Et l'Apôtre nous rappelle simultanément au contrôle de la parole et à la pratique du bien et à la recherche de la Paix: :

" celui qui aime la vie et souhaite de voir des jours heureux, doit garder sa langue du mal ; et ses lèvres de toute parole trompeuse. Qu'il se détourne de tout mal, et qu'il fasse le bien, qu'il recherche la paix et qu'il la poursuive "


Dans notre actualité où les " Va-t-en guerre " et autres bellicistes, justifient leurs actions vengeresses et impérialistes par la lutte du bien contre le mal, il est bon de nous replonger dans les valeurs fondamentales de la sagesse chrétienne, hors de tout manichéisme, afin d'avoir une juste compréhension des événements et une plus grande acceptation des autres. Nous sommes tous enfants de Dieu et nous nous devons d'être compréhensifs envers nos frères, envers nos ennemis s'il en est et qui sont néanmoins nos frères et de pratiquer envers tous la charité, car " la charité couvre une multitude de péchés " (1 Pierre 4/8).


" Aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs ; ainsi vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux. " (Mathieu 5,44-45)


Mais la recherche de la paix et du bien commun ne semble pas partagée par tous. Se détourner du mal pour faire le bien ne veux justement pas dire faire la guerre, cela ne peut pas être une croisade du bien contre le mal. Les notions de Bien et de Mal sont pour nous humains très relatives et souvent concomitantes, la dualité de notre incarnation nous en fait porteur et notre libre arbitre nous laisse faire nos choix selon les degrés d'évolution de notre âme.

L'on nous a longtemps dit que la guerre était un mal nécessaire, en effet, il y a eu des conséquences de nature spirituelle et conforme à la Loi de Perfection qui ont permis à l'humanité d'évoluer : des âmes furent libérées d'une civilisation arriérée et décadente, libérées de leurs formes physiques, émotionnelles et mentales anciennes qui constituaient un emprisonnement, elles pouvaient ainsi poursuivre leur croissance en revenant en incarnation.

Les évènements des deux dernières guerres mondiales ont changé la donne, la situation mondiale n'est plus la même et nous avons maintenant connaissance " des causes secondaires des guerres, qui sont convoitise produisant des désastres économiques, haine produisant des frictions nationales et internationales, cruauté produisant souffrance et mort "


Mais les hommes s'occupent des effets et non des causes, l'humanité s'inquiète des horreurs de la guerre et ne s'occupe pas en premier lieu de ce qui cause la guerre et qui, correctement compris et pris en compte, empêcherait toute guerre.

Lutter par le mal contre le mal est une mauvaise méthode qui ne correspond plus au plan divin pour l'humanité dont les attributs sont Lumière Amour et Puissance spirituelle.

La seule guerre que nous avons à mener est celle contre nos propres puissances négatives et les seules guerres aujourd'hui justifiées sont celles contre la faim, la misère, la pauvreté et les intérêts égoïstes de certains puissants de ce monde.


Il faut changer soi-même par l'effort plutôt que de vouloir changer le monde par la force.


L'intolérance envers ceux qui n'ont pas la même culture ni les mêmes valeurs est un acte immature qui reflète une spiritualité primaire. L'intolérence et la non recherche de la compréhension de l'autre amène à des dérives fondamentalistes que l'on voit ressurgir en ce début de siècle dans beaucoup de religions. L'instrumentalisation du christianisme à des fins de puissance est un piège mortel et la majorité des sages religieux de notre planète le proclame à l'unisson. Cette unanimité s'explique par une évolution de la compréhension même de Dieu, dans les différentes traditions. Le Dieu courroucé et en colère ainsi que le Seigneur des armées a fait place à un Dieu aimant et " puissamment faible ".

" Dieu a choisi ce qui est faible pour confondre ce qui est fort. ", nous dit Saint Paul dans la 1ère Epître aux Corinthiens.


La doctrine de l'immanence prônée par nous catholiques libéraux et qui enseigne la présence de Dieu dans toute la création, nous oblige à privilégier l'immanence divine en chaque être, il est donc de notre devoir de respecter et ne pas porter atteinte en aucune façon à quiconque, fusse-t-il notre opposant.


Pour nous aider à mieux comprendre le devoir de compréhension, la liturgie du jour nous invite dans l'Evangile à méditer la leçon du récit de la Femme adultère.

La morale de cet épisode biblique nous interpelle sur une des faiblesses de notre esprit humain, le manque fréquent d'indulgence et sur notre intolérance.

Dans l'Ancien Testament, les recueils de prescriptions religieuses nous indiquent que l'adultère est présenté comme une faute qui rend impur et qui est puni de mort, mais le maître Jésus apporte un complément à la Loi pour une nouvelle alliance, le pardon et l'Amour :

" Je ne te condamne pas non plus…" (Jean 8/11) dit-il a la pécheresse.


Il y a dans le texte des Ecritures de Saint Jean, vous l'avez sûrement remarqué, deux gestes symboliques qui nous interrogent et que nous allons essayer d'interpréter en nous attachant à leur signification occulte.

Il est dit dans le récit à deux reprises, que " Jésus, s'étant baissé, écrivait sur la terre avec son doigt " (Jean 8/6 et 8/8)

Qu'elle peut-être la raison d'être de cette double remarque ?


Il faut tout d'abord préciser que ce qui est signalé dans les évangiles par une double affirmation sur ce que dit ou fait le Maître Jésus a toujours une signification particulière, insistant sur l'importance de l'annonce faite ou son sens caché : " En vérité, en vérité je vous le dis … ".


Cette fois, le maître ne parle pas, mais fait des signes sur le sol


Le fait d'écrire, une première fois, du doigt sur la terre, pourrait signifier que Jésus, de par sa qualité de Fils de Dieu, entend inscrire le destin de l'accusée dans un contexte plus vaste que le seul instant d'une infraction constatée.

En effet, nos actes ne sont pas des faits isolés, mais ils prennent place dans la longue chaîne des évènements de notre devenir, dans la perspective d'un avenir en progrès.

Le sort, autrement dit le Salut de quiconque n'est donc pas figé comme semblent le penser les Pharisiens accusateurs de la femme adultère dans leur conception morale rigide et conventionnelle. Ce qui est écrit, ici-bas, à la surface du sol peut-être effacé et remplacé par une autre écriture.

En effet, le récit évangélique précise que Jésus a une seconde fois écrit sur la terre après avoir invité les accusateurs à exécuter leur sentence.

On peut émettre l'hypothèse que, par ce second geste symbolique, le Maître Jésus a voulu faire implicitement allusion à la doctrine de la réincarnation et à la loi du Karma réparateur et restaurateur de la Justice ; ces deux Lois fondamentales qui soutiennent l'évolution de l'humanité, guidé par la Divine Providence.


Il paraît également probable que les Pharisiens eux-mêmes, représentants de la population aisée et cultivée de l'époque, n'aient pas ignoré ces deux postulats majeurs de la Sagesse Antique. On peut supposer qu'ils aient compris le message qui figure derrière le geste insolite du Maître ; notamment celui de confier à la Terre, c'est-à-dire à nos destinées successives, la faculté et la liberté de nous faire justice nous-mêmes.


Dans ce sens, Jésus en appelle à la réminiscence de l'Âme de ses interlocuteurs en invitant chacun d'eux à passer à l'acte dans le but de les pousser à faire, en secret, leur examen de conscience, en leur adressant le défi suivant :

" Que celui de vous qui est sans péché, lui jette, le premier, la pierre " (Jean 8/7)

Cette courte invite, formulée en guise de sentence, dénote, à la fois, le pouvoir de profonde introspection dans l'Âme humaine de la part du Fils de l'Homme ainsi que la largesse de sa miséricorde.


Le divin Pardon absout, à la fois, la pécheresse pour sa légèreté de mœurs et les Pharisiens pour leur dureté de cœur.


Par cette double indulgence, le Maître Jésus nous donne l'exemple et nous encourage à nous corriger de la suffisance avec laquelle notre égoïsme et notre orgueil ont trop souvent tendance à juger sommairement et à accabler injustement notre prochain.


Jésus, envers et contre toutes les faiblesses de la nature humaine, reste confiant dans les ressources de ses qualités supérieures, puisqu'Il implique, presque malgré eux, les détracteurs de la pécheresse dans le processus même du pardon, par la question suivante : " Femme, où sont ceux qui t'accusaient ? Personne ne t'a-t-il condamnée ?" (Jean 8/10) " Personne, Seigneur " (Jean 8/11) lui rétorque-t-elle.


Et l'auteur termine son exposé par cette divine Parole d'extrême compréhension et de compassion émanant de Notre Seigneur:

" Je ne te condamne pas non plus; va et ne pèche plus à l'avenir " (Jean 8/11)


Pour conclure, reprenons le vœu de la Collecte du Jour qui va nous guider toute cette semaine : " O Dieu Qui sais toutes choses et Qui, par suite, pardonnes tout, accordes-nous la Grâce d'examiner le cœur de nos Frères de telle façon que nous ne manquions jamais de compréhension et de compassion "


Amen


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Le IV° Dimanche du Carême par le RP Dominique BRY



Nous sommes en ce 4° dimanche de Carême, à la mi-Carême, la tonalité de ce dimanche nous est donnée par le terme latin de " Laetare " qui signifie " Réjouissez-vous ! ".

Cela nous semble curieux de prime abord que dans une période traditionnellement austère, où l'Eglise nous invitais à pratiquer le jeûne, l'abstinence et même la pénitence, l'on nous demande de nous réjouir.

En fait c'est une période de repos dans l'ascèse du Carême qui nous est proposée, elle est placée sous le signe de la joie qui doit accompagner tout effort de purification spirituelle.

Après le jeûne il y a le partage et la joie ; nous retrouvons cela dans les différentes traditions, notamment dans le tradition islamique au moment du ramadan.

Se réjouir c'est bien sûr éprouver de la joie, une vive satisfaction pour soi-même, mais c'est surtout donner de la joie, faire plaisir aux autres.


Dans les temps anciens où le Carême était une véritable période de jeûne, il y avait une pause à la mi-carême, un temps de réjouissances où l'on célébrait le carnaval.

Aujourd'hui, l'on a oublié la signification et l'origine du Carnaval, pour n'en conserver que l'idée festive profane du déguisement et de la parade.

Le mot Carnaval vient du verbe latin " carnelevare ", signifiant " ôter la viande ". A l'époque où la viande était une nourriture essentielle, les chrétiens qui peinaient depuis le début du carême dans l'abstinence de consommation de viande, trouvaient un moment de répit avant de reprendre la purification nécessaire pour aller jusqu'à Pâques.

Ce moment où l'on supprimait la viande était une première étape vers le Carême, aujourd'hui l'on peut considérer ces privations comme inadaptées, voir inutiles, mais par contre nous pouvons nous attacher à une autre forme d'abstinence, l'abstinence de ce qui est superflu afin de retrouver en nous ce qui est essentiel. Et plus particulièrement cette semaine de pratiquer l'oublie de soi pour nous tourner vers les autres.

Notre privation c'est de donner ! Renoncer pour soi, donner à l'autre ce que nous voudrions pour nous-même.


Dans cette quête de l'essentiel qu'il nous est proposé de mener dans ce second temps de Carême, la période préparatoire du Carnaval est également propice à une prise de conscience de notre réalité intérieure, en prenant une distance par rapport à notre personnalité extérieure.

le Carnaval est la fête où l'on se déguise, où l'on porte un masque, celle où l'on oublie un instant qui on est, pour devenir quelqu'un d'autre. En nous déguisant, nous jouons momentanément un autre rôle, nous changeons de personnalité. Rappelons que le mot " personnalité " vient du grec " persona " qui, dans la Grèce antique, était le masque que portaient les acteurs. La période du Carnaval nous invite donc à prendre conscience du fait que la vie est un théâtre où nous jouons alternativement des rôles selon les circonstances de la vie quotidienne, et que nous avons une identité véritable à dévoiler .


Ce temps de Carnaval est ainsi une occasion pour nous de quitter les habits du " vieil homme " pour nous élever au-dessus de notre condition habituelle, d'aller au-delà du masque social que nous portons dans la vie courante pour exprimer les qualités de cœur souvent cachées au profond de chacun, afin comme dit Saint Paul, que notre douceur soit connue de tous les hommes. C'est aussi l'occasion de nous réjouir avec les autres, de partager notre propre bonheur et notre espérance de Chrétien.

En prenant une certaine distance par rapport à notre personnalité, nous franchissons la première étape du détachement proposé par la période du Carême.

En effet, en évitant de nous identifier totalement à notre personnalité extérieure, qui est changeante et transitoire, nous nous préparons à découvrir ce qui est vraiment essentiel et authentique en nous-mêmes, c'est-à-dire notre individualité, notre dimension divine immanente et permanente.

Le Carême est un temps de préparation et d'anticipation avant d'aborder la joie de Pâques, ce prélude est une période importante pour nous Chrétiens, car il nous permet de nous recentrer sur notre Moi supérieur et à travers notre introspection, de vivifier cette part de nous-même qui a le désir de Dieu.

Ce travail personnel que nous faisons, ne dois pas rester isolé, nous devons le partager en irradiant autour de nous cette joie véritable qui est au fond de notre cœur et que seule dévoile la voie spirituelle.


L'intention connexe de la semaine est le Réconfort spirituel.


En ce temps de prise de conscience de nos imperfections, nous avons bien besoin de réconfort et c'est avec sagesse que nos pères ont institués cette trêve au milieu du Carême. Trêve pendant laquelle nous demandons à Dieu de déverser sur nous et sur le monde un flot de Sagesse et d e Force pour que nous puissions nous préparer à célébrer dignement la Sainte Fête de Pâques.


Dans l'Epître du jour, Saint Paul nous incite au contentement, à nous satisfaire de l'état dans lequel on se trouve. Que nous soyons dans la pauvreté ou dans l'abondance, rassasié ou affamé, il nous propose de nous en remettre au Christ qui nous donnera la force pour affronter les épreuves et l'adversité.

Cela veut dire aussi renoncer à nos projections, à nos désirs, à nos attachements de ce monde, pour mettre notre confiance en Dieu seul, qui nous apportera ce dont nous avons besoin pour réussir notre vie, les épreuves, souvent nécessaires, comme les joies et le bonheur qui en final est prévu pour nous .

En interpellant ces frères Philippiens, Saint Paul nous exhorte d'occuper nos pensées et de nous recentrer sur tout ce qui est vrai, honorable, juste, pur, aimable et vertueux et de les pratiquer ; car nous avons la possibilité de faire toutes ces choses par la force du Christ.

C'est d'abord en pensée qu'il nous faut être en accord avec ces qualités puis les transformer en actes dans notre vie quotidienne, une qualité en amenant une autre, avec patience et persévérance, ayant foi en la Puissance divine qui transcende tout.

Il nous demande de nous réjouir dans le Seigneur qui est proche. En effet Dieu n'est pas éloigné de nous, c'est nous qui nous éloignons de lui, Son réconfort est à notre portée mais nous ne savons pas le voir. Il est attentif à nourrir et à rassasier toutes Ses créatures, mais nos demandes ne sont pas toujours justifiées.

Dans l'Eglise Catholique Libérale, nous insistons sur l'Immanence divine, sur l'existence de Dieu en chaque être. Notre Foi dans le Christ vivant et éternel est une aide puissante, Sa présence spirituelle dans le monde est permanente, Elle nous guide et nous soutien.

Nous croyons en Sa promesse réconfortante d'une présence effective :

" Voici, Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommations des âges " ( Mathieu XXVIII ; 20)

De plus, nous Chrétiens, avons accès aux sacrements institués par Notre Seigneur et transmis dans Son Eglise pour être les canaux particuliers de Sa Puissance et nous aider d'avantage.

Par ces moyens de grâce Il nous apporte le réconfort spirituel dont nous avons besoin et nous donne le merveilleux privilège d'une communion et d'une association avec Lui, nous protégeant en toute circonstances, du berceau jusqu'à la mort.

Saint Paul termine sa lettre en donnant sa bénédiction, sous forme d'un appel protecteur, telle que nous la reprenons en fin de nos services liturgiques et chaque dimanche dans la phase finale de la Sainte Eucharistie :

" Que la Paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos pensées dans la connaissance et dans l'Amour de Dieu et de Son Fils le Christ Notre Seigneur. "

Ces bénédictions que le prêtre ou l'évêque donnent sont bien sûr des protections de Dieu pour les hommes, mais aussi une marque de reconnaissance et de glorification rendu à Dieu pour la joie que nous éprouvons de recevoir ces dons et de les répandre.


Revenons sur l'idée de contentement qui nous interpelle ce matin, sur cette joie qui doit nous habiter et irradier autour de nous ; c'est la joie de la reconnaissance qu'une Personne Divine est en nous-mêmes et c'est cette présence qui nous donne la force d'accomplir toutes choses.

Mais le contentement, c'est aussi le contentement vis à vis des circonstances extérieures qui jalonnent notre vie. Nous devons les considérer toutes comme des bénédictions venues de Dieu, heureuses comme malheureuses et nous devons les accepter avec une égale tranquillité.

Car il est aussi malsain de se réjouir d'une façon exagérée de toute circonstance favorable, que de s'affliger de toute circonstance désagréable.

Lorsque nous avons compris que les circonstances de notre vie sont le reflet de nos actions, sur le miroir de la Justice Divine, alors, nous sommes prêts à les accepter, non pas avec résignation, mais avec courage et détermination.


C'est précisément en cette période de carême ce que nous devons réaliser en nous, l'acceptation et le contentement véritable.


Le Chrétien doit être un éternel mécontent de lui-même, pour s'améliorer toujours, et un éternel content de tout ce qui lui arrive, comme salutaire à son progrès. C'est malheureusement le contraire que nous vivons ; nous sommes généralement bien trop contents de nous-mêmes et nous ne savons pas supporter les circonstances de nos vies.

Le contentement de soi est le signe de la stagnation spirituelle. Si nous sommes contents de nous-mêmes nous n'arrivons à rien, mais si nous sommes contents de tout ce qui nous arrive, alors nous avons commencé à déblayer la voie encombrée qui doit conduire jusqu'à la connaissance déterminée et complète de Dieu.


Le Carême nous invite à une audace de la foi et de l'espérance, à risquer un temps de recherche et de vraie liberté, un temps de remise en question et aussi de contentement. C'est de toutes façons, un temps de purification et d'avancée spirituelle pour l'âme humaine.

Réjouissez-vous pour cette vie où il vous est donné de grandir en conscience.

Bonne fin de Carême à chacun de vous !


Amen.


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V° DIMANCHE DU CAREME ou DIMANCHE DE LA PASSION


par le RP Francis Vinkler


En ce dimanche de la Passion, l'intention de la semaine est " l'humilité ".


Introduction

Le dimanche de la Passion, l'avant dernier dimanche du Carême, est ainsi nommé parce qu'à partir de ce dimanche, jusqu'à Pâques, l'Église s'occupe tout particulièrement de la Passion de Notre Seigneur. Durant les deux semaines qui précèdent Pâques et qu'on appelle le temps de la Passion, l'Église couvre d'un voile violet les croix, parce que, quelques temps avant sa mort, Notre Seigneur cessa de se montrer au peuple.


1- L'année liturgique

a)- Situation de la période de Pâques dans le cycle liturgique

Rappelons que l'année liturgique s'articule autour de 3 grands cycles en relation avec l'action spécifique des trois Personnes de la Trinité :

· le cycle de Noël qui est lié aux mystères du Père puisque c'est le moment où " Dieu se fait homme " ;

· le cycle de Pâques qui est lié aux mystères du Fils puisque c'est le moment où " l'homme se fait Dieu " ;

· le cycle de la Pentecôte qui met en scène l'action transformatrice du St-Esprit dans le monde.


b)- Situation de la Passion dans le cycle de Pâques

Rappelons encore que les mystères de Pâques se composent de trois grands moments :

· la Passion, dont nous allons parler maintenant, qui est la première étape de la " Théosis ", la divinisation de l'être ;

· la Résurrection, qui est la renaissance de l'élan fondamental nous ramenant vers le Père ;

· l'Ascension, qui est la conclusion de cet élan fondamental nous reconciliant avec le Père.


2- La Passion

La période de la Passion est étroitement associée à la notion de souffrance et est, de ce fait, assez mal ressentie à notre époque. Nous avons tous cherché, à un moment ou à un autre de notre existence, une raison d'être à la souffrance. Certains d'entre nous ont découvert, à travers la loi du karma décrite dans la littérature théosophique, des explications susceptibles de satisfaire notre intellect.

Nous pouvons aisément admettre que la souffrance puisse avoir un rôle pédagogique puisqu'elle nous oblige, lorsque nous commettons des erreurs, à réformer notre comportement. Cependant, la Bible nous présente la souffrance de deux hommes justes, Job et Jésus Christ, qui n'ayant commis aucune erreur, n'étaient donc pas liés à un karma particulier.


La Passion est ainsi l'illustration parfaite de ce qu'on appelle " la souffrance du juste ".


. Le processus alchimique de divinisation

Nous pouvons comparer le moment où la conscience est prête à vivre son processus alchimique de divinisation à la transmutation vécue par la chenille au moment où elle doit devenir un papillon. La chenille doit mourir à son état de chenille avant de devenir un papillon et, dans la chrysalide, le " moi " de la chenille est complètement dissout.

La période de la Passion pourrait être comparée à cette dissolution du moi personnel qui doit renier toutes les valeurs du monde sur lesquelles il s'est toujours appuyé, et qui doit lâcher prise pour se laisser totalement guider par l'esprit. Cette période est particulièrement inconfortable pour l'égo et est, pour lui, source d'une véritable souffrance qui peut être comparée aux douleurs de l'enfantement ; ici, il s'agit de l'enfantement de la conscience nouvelle, de l'homme spirituel.

· St-Jean de la Croix

Voici comment le grand mystique St-Jean de la Croix décrit la sensation de vide total qui précède le processus de transmutation de l'être :

" Le moment vient où les débutants sont capables de supporter pour Dieu une contrariété, une arridité, sans avoir aussitôt l'idée de reculer pour retrouver leur ancienne satisfaction. Or au moment où ils sont bien à l'aise dans leur exercice spirituel, où ils s'imaginent marcher dans le plein soleil des faveurs divines, brusquement, Dieu les plonge dans une obscurité telle qu'ils appellent en vain le secours des sens, de l'imagination et du raisonnement pour se diriger. Où vont-ils ? : ils l'ignorent. Impossible d'avancer comme autrefois par la méditation discursive. Le sens intérieur, déjà paralysé dans cette nuit, se trouve si arride que, loin de retrouver l'ancienne satisfaction et le charme des choses spirituelles et de leur exercice, ils ne font que se heurter à du déplaisir et à de l'ennui.

Je viens de donner l'explication d'un tel état : Dieu a remarqué que ces débutants avaient grandi quelque peu. Maintenant le progrès doit les dégager de leurs langes, les détacher du sein nourricier, les poser à terre pour qu'ils apprennent à faire usage de leurs pieds."

· Les 3 tentations

Il est intéressant de préciser que l'homme n'intervient pas dans ce processus de transmutation : c'est l'Esprit qui le prend totalement en charge. C'est ce qu'illustrent les Évangiles qui décrivent comment le Christ, juste après son baptême, fut conduit par l'Esprit Saint au désert pour y être tenté par Satan. Cette période de 40 jours au désert est une période de gestation durant laquelle la conscience humaine s'affranchit de la domination de l'égo qui la retient encore prisonnière des trois grandes valeurs mondaines symbolisées par les 3 tentations que sont l'Avoir, le Pouvoir et le Valoir. Cette triple tentation va d'ailleurs se représenter à Jésus juste avant sa mort, mais cette épreuve sera dépassée avec succès puisqu'on dit que le Christ a vaincu le monde.


3- Les textes du jour

Les textes qui ont été lus aujourd'hui illustrent bien cette nécessaire humilité qu'exprime notre égo durant la Passion, au moment où il accepte de reconnaître que sa véritable source, au plus profond de lui, est la dimension spirituelle qui lui donne la vie, le mouvement et l'être.

Nous avons vu que la Passion est un processus de restructuration de l'être. C'est le moi personnel, l'égo, qui s'ouvre pour fusionner avec le Divin, après tout un processus de remise en question physique, psychique et spirituelle. La Passion est l'oeuvre alchimique de Dieu (al = Dieu : c'est littéralement la chimie de Dieu). Si c'est Dieu qui transmute l'être, ce n'est plus l'homme qui oeuvre. C'est en ce sens que l'on peut parler d'humilité ; cette humilité est la reconnaissance du fait que, lorsque nous sommes arrivés au sommet de la montagne par nos propres efforts, nous ne pouvons pas aller plus loin si Dieu ne vient pas nous chercher pour nous élever. Cette attitude est remarquablement illustrée par cette déclaration de Jésus dans l'Évangile de ce jour : " Car quiconque s'élève sera abaissé et quiconque s'abaisse sera élevé ".

N'oublions pas que nous sommes encore dans la période du Carême (le 5ème dimanche) dont la note dominante a été donnée le mercredi des cendres, au moment où le prêtre a imposé la cendre sur notre front en nous exhortant à nous souvenir de notre essence profonde, de notre nature spirituelle, de ce qui est la dimension authentique et véritablement féconde en nous. Cette quête d'authenticité est également judicieusement illustrée par l'Épitre de St Paul que nous avons lue aujourd'hui : " Nous vivons avec des dons, différents selon la grâce qui nous a été accordée ; que celui qui a le don de prophétie l'exerce, que celui qui doit enseigner enseigne, que celui qui est chargé d'exhorter, exhorte, etc. ". En cette période de carême qui est caractérisée par la quête de l'essentiel, St Paul nous invite donc à découvrir ce qui fait notre spécificité, la part de Dieu qui est en nous, et à exprimer authentiquement ce que nous sommes.


Conclusion

" En vérité je vous le dis, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera pas ", nous révèle le Christ. N'oublions pas que ce Royaume de Dieu est au-dedans de nous (Luc 17:21). De ce fait, être en quête de notre authenticité c'est redevenir comme un petit enfant car, symboliquement, l'enfant incarne celui qui demeure conforme à son essence profonde. En effet, l'enfant n'a pas eu le temps d'être déformé par les influences extérieures et n'a pas encore intégré en lui d'éléments étrangers à sa nature profonde.



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