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Eglise Catholique Liberale


EGLISE CATHOLIQUE LIBERALE


Province de France, de Suisse Romande


et d'Afrique Francophone


VI° Dimanche du Carême Dimanche des Rameaux par Mgr François Seyfried


Le dimanche des Rameaux anticipe, pour ainsi dire, par une note joyeuse sur la période terminale du Carême en évoquant la dernière montée du Maître Jésus dans la ville sainte de Jérusalem.

C'est dans ce haut lieu et dans le cadre prestigieux de la Pâque juive que le Régent de notre Univers, le Seigneur Christ, est venu imprimer une nouvelle orientation au ressort de la croissance spirituelle de notre Planète, et ce par la médiation du destin sacrificiel de Jésus, son témoin et serviteur.

En cette circonstance dramatique, le Maître réalisera, pour sa part, une nouvelle et décisive avancée sur son propre Sentier de Perfection.

Ce faisant, Il se prête simultanément comme canal à un nouveau regain de forces christiques au profit de l'évolution de l'ensemble des Règnes de la Nature.

La première lecture du jour, celle de l'Epître, tirée du 19 ième chapitre de l'Apocalypse, magnifie la Royauté du Christ Cosmique, intronisé dans la Jérusalem Céleste.

Dans les Cieux, la Multitude salue par de violents tonnerres d'Alleluia le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant Qui est entré dans Son Règne.(Apoc.19/6)

La deuxième lecture, celle de l'Evangile, décrit l'entrée triomphale du Christ historique dans la Jérusalem terrestre.

La foule y acclame le Prophète de Nazareth au cri de

" Hosanna au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des Cieux ! " (Mat.21/9)

Selon la correspondance entre le micro et le macrocosme, il s'agit en fait, dans les deux cas, d'une seule et même conjoncture qui nous est présentée aujourd'hui à deux niveaux différents de réalisation.

Dans la Cité du Temple, le Peuple est accouru sur le chemin de son hôte prestigieux, sous l'emprise du pressentiment des événements décisifs tout proches.

Ceux parmi ses compatriotes qui ont bénéficié de la grâce de l'approcher ont pu se rendre compte combien, par sa Sagesse et son irrésistible ascendant, ce Fils de leur race s'est élevé au-dessus de toute autorité établie.

Proclamé héros naturellement, le Maître, conscient de l'enjeu des heures à venir, quant à lui, assume pleinement le rôle prophétique qui Lui est dévolu dans le déroulement de cette scène impromptue d'intronisation.

Il en détermine, pratiquement, Lui-même le cérémonial en envoyant ses Disciples requérir une monture à son usage. (Mat.21/2 et 3)

D'après le style oriental, l'apparition d'un Roi victorieux, monté sur un âne, appartient à une antique coutume des temps bibliques.

Mais le Maître, en se pliant à cette tradition, entend davantage démontrer par le symbolisme de l'ânesse et de l'ânon, que l'accession au pouvoir spirituel et son exercice même, reposent avant tout sur les humbles vertus du service.

Précisément, la préoccupation majeure de la semaine qui suit les Rameaux, dite "Semaine Sainte", consiste à nous rappeler les exigences de l'impérative et inéluctable loi du sacrifice.

Car la ferme volonté du Disciple de renoncer définitivement au Monde reste, en dernier ressort, soumise à l'épreuve suprême, qui, en l'occurrence, nous est signifié dans les Evangiles sous l'emblème de la Mort sur la Croix.

Il n'est, cependant, guère raisonnable de voir dans le supplice infligé au Maître Jésus, principalement et uniquement, un acte de substitution pour le rachat de nos péchés.

Cette thèse de la stricte doctrine romaine lui attribue, en premier, valeur de réparation d'une faute problématique commise par l'Humanité à l'encontre de Dieu et appelée "Péché Originel" par les théologiens ; en bref, une tare native et héréditaire privant l'Homme de son privilège intrinsèque de Fils de Dieu.

Au contraire, par ses déclarations et gestes, le Rabbi de Nazareth, durant les années de son ministère, n'a cessé de souligner, de par le mystère même de sa personne, la réalité de la l'ascendance divine immanente de l'Homme.

Parallèlement, par son propre exemple, il a montré et tracé à toute Âme de bonne volonté le chemin de sa perfectibilité.

Sous pareil éclairage, le péché n'est plus à considérer, comme le définissait l'Ancienne Alliance, essentiellement comme un manque d'observation de certaines prescriptions passagères de la législation du Deutéronome proclamées par Moïse.

En regard des termes de notre Confiteor, nos fautes s'apparentent davantage à un endurcissement conscient sur les pentes de la descente dans la matérialité au lieu d'un effort positif et confiant d'emprunter le Sentier qui mène à la Justice, autrement dit, à la Perfection, le standard inné de la nature humaine.

Or, ce message de l'universelle et divine immanence allait radicalement à l'encontre de l'orthodoxie juive régnante, reposant exclusivement sur le seul credo de la divine transcendance.

Il apparaît donc évident que c'est plutôt l'enseignement de Jésus, soi-disant blasphématoire et provocateur, insupportable aux oreilles du Clergé établi qui, en définitive, a provoqué l'application de la peine de mort à l'encontre du plus grand et plus redouté des Prophètes.


En ce dimanche avant la solennité de Pâque, le leitmotiv du message de son Eglise tend visiblement à nous faire rencontrer personnellement le Christ dans son engagement recteur d'une nouvelle orientation de notre histoire.

Il proclame sa domination pacifique sur le Monde par la victoire exemplaire de son Adepte, le Maître Jésus, gravissant les échelons de la Hiérarchie des Êtres réalisés.

En toile de fond de cette montée en puissance, la scène de l'Evangile nous montre les admirateurs du Maître enclins spontanément à tendre avec enthousiasme leurs vêtements sur son chemin.

Dans le domaine des signes, le symbole du vêtement peut, dans ce cas, être assimilé allégoriquement à celui de l'Âme en sa qualité de parure de l'Ego.

Au sens de cette figure, c'est l'extraordinaire pouvoir de séduction de l'Ego de Jésus, divinement exalté en Christ, à l'approche de son empire sur le Monde, qui, le Jour des Rameaux, attire irrésistiblement les Âmes à Lui.

Dominant et éclairant de haut le drame de son destin terrestre, la première lecture de la

liturgie des Rameaux, celle de son Epître, nous transporte d'emblée dans la sphère des origines et des fins, la Jérusalem Céleste où se trouve exaltée à jamais la victoire du Fils de l'Homme.(Apoc.19/1-16)

A la lumière de ce tableau apocalyptique, qui dépeint l'entrée du Seigneur dans son Règne, nous pouvons considérer le déroulement historique des Rameaux comme le reflet temporel de son archétype éternel ; rapprochement nous induisant à deviner que l'ovation de la foule dépasse le simple geste d'allégeance au bénéfice d'une authentique révélation intérieure du peuple venu saluer son personnage d'élection.

En somme, sur le plan liturgique, lorsque nous frappons trois fois à la porte du Sanctuaire avant d'y pénétrer en procession à la rencontre de notre Seigneur, nous vivons mystiquement en un seul et même épisode les deux scènes que proposent à notre méditation les lectures bibliques du jour.

Le décor initiatique, la fresque que nous retrace l'Epître fait intervenir les Entités Cosmiques, les Saints Êtres, qui forment le Gouvernement Intérieur du Monde et qui entourent le Trône du Seigneur Dieu, le Tout-Puissant.

En écho au vibrant hommage rendu à Jésus aux portes de Jérusalem, les 24 Vieillards jettent leurs couronnes au pied du Trône du Roi de l'Univers. (Apoc.4/10)

Par cet acte d'adoration, les Êtres glorifiés de la Grande Loge Blanche honorent, à leur échelon de sainteté au plus haut des Cieux, le Roi des Rois en Lui offrant en présent le royal insigne de leur dignité spirituelle.

Nous savons que c'est au sommet de la tête, sur le plan du chakra coronal, représenté ici par l'insigne de la couronne, que se concrétise par voie alchimique la victoire finale.

Or, l'endroit où se dénoue le drame de la Passion de Notre-Seigneur porte dans les Ecritures la dénomination de Golgotha, mot hébreu qui, justement, est synonyme de " boîte osseuse du crâne ".

Sous l'impulsion du magnétisme cosmique dont ce lieu prédestiné est alors imprégné, les témoignages scripturaires font état de nombreux phénomènes occultes ayant marqué la trame de la journée du Vendredi-Saint.

" Le Soleil disparaît, la Terre s'obscurcit, elle tremble, les rochers se fendent, le voile du Temple se déchire, les tombeaux s'ouvrent " (Mat.27/51-56)

La survenance et l'ampleur de ces prodiges attestent de la puissance d'irruption des énergies génératrices ayant pénétré notre Globe à l'heure de la montée du Feu de l'Initiation cosmique.

En cet instant d'ébranlement planétaire, la couronne d'épines du Maître attaché sur la Croix de l'Initiation se transmute en un diadème de Roses mystiques dont le parfum guérisseur enveloppe et embaume la Terre entière.

Cette consécration du Maître par le sceau de la mort initiatique fait dans l'Ancien Testament, sous la plume du Prophète Isaïe, l'objet de plusieurs poèmes dédiés au supplice du "Serviteur Souffrant". (Is. 49-53)

En revanche, dans la vision de l'Apocalypse nous ne trouvons plus trace de la douleur affectant le Vainqueur.

Ce dernier s'avance auréolé de gloire purement immatérielle, parce que libéré de toutes les entraves de l'espace et du temps. Seule est encore mentionnée la grande tribulation d'où émerge la Multitude.

Le Crucifié, de par son choix de Frère Aîné de l'Humanité, partage solidairement avec elle l'amertume de la mort physique, tribut provisoire de nos races encore insuffisamment développées.

Cet acte d'extrême abaissement du Seigneur de Perfection et de Compassion nous est annoncée, de longue date et sous son aspect pacifique, par une prophétie de Zacharie relative au jour des Rameaux.

" Jubile de toute ton Âme, fille de Sion " dit cet oracle " acclame, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi; Il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne " (Zach.9/9)

Nous remarquons qu'à l'inverse de l'Élu des Rameaux, le Vainqueur de l'Apocalypse monte un cheval blanc. Voici, tiré du chapitre 19 de la Révélation de Saint Jean, le passage correspondant:

" Et je vis le Ciel ouvert et voici un cheval blanc et celui qui le montait s'appelle Fidèle, Véridique et c'est avec justice qu'Il juge et fait la guerre " (Apoc.19/11)

Dans ce contexte, la figure de l'Âne est symbole d'humilité, alors que celle du cheval est attribut de majesté.

En empruntant le service de l'humble animal domestique, Jésus se soumet aux exigences d'un axiome occulte majeur qu'Il a lui-même décrété, à savoir que

" le serviteur n'est pas plus grand que le Maître " (Mat.10/24)


En conclusion, ce bref essai d'alignement entre les deux faces complémentaires de la Fête des Rameaux voudrait faciliter à notre Âme de revivre mystiquement avec imagination et dévotion la scène biblique qui vient de faire l'objet de ces brèves considérations.

L'excellente occasion nous en est fournie dans le cadre de chaque Célébration Eucharistique, lorsque, à la fin du triple Sanctus, nous sommes gratifiés du grand privilège de pouvoir accueillir, par le chant du Hosanna, le Seigneur des Rameaux sur son Saint Autel.


Amen

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